lundi 31 janvier 2011

Projet Sanouna... Le retour de la revanche de la vengeance...

Bon bin on prend les mêmes et on recommence! Encore une fois, une semaine s'est écoulée paisiblement dans ce petit paradis Djenninké. Au programme, un petit tour en pirogue, avec Aba, dans le village relativement éloigné de Syrah Bugu; une ballade sur l'autre rive du fleuve Bani; la classe assurée par mes soins car Lassina était absent (joyeux bordel!), une réunion au sommet avec les hommes de Sanouna quant à l'association et aux mesures à prendre pour son bon fonctionnement; le remplissage de la pisciculture qui en découla; les répétitions épuisantes avec les gamins pour le spectacle, où j'ai cru devoir en prendre un pour taper les autres (rassurez vous, je ne l'ai pas fait); un pique nique au bord de la rivière qui longe les contours de Djenné... Bref que du bonheur, si ce n'est l'état d'extrême fatigue dans lequel je me trouve... Ah oui! Hier, pour fêter mon anniversaire, nous sommes allé chez Baba, l'une de nos cantines malheureusement surpeuplée de touristes, pour boire de la bière et assister à un petit concert de percus au passage... C'était cool! En plus j'ai eu des beaux cadeaux!!!
Enfin, et de manière très tragique, voici venir la dernière semaine de cette étape riche en rencontres et en projets accomplis! Il reste tant de choses à faire! Mais c'est ainsi, et j'essaierai de prendre sur moi pour rendre le départ moins insurmontable, car beaucoup des habitants sont devenus des amis, qui me manqueront énormément par la suite... Et comme on dit, demain est un autre jour!

Séchage des briques, face à Djenné. Elles sont faites de sable, de ciment, de son de riz... et de caca

Hadja, la doyenne de la classe, au boulot comme tous les jours... C'est pas un beau sourire de vendeuse, ça?

Oumar, mon pote et protégé, curieux, gentil et généreux, en pleine action également. Ici tous les gosses travaillent

Vue du ciel d'un microcosme africain. Vous avez dit tribal?

Mise en scène des dialogues en anglais, en l'absence du prof titulaire. L'ambiance est plus cool que d'habitude, c'est étrange...

Répétition d'une partie du spectacle. Allez leur faire comprendre qu'il ne faut pas voir les bâtons des marionnettes!

Promenade en pirogue. Admirez la manière dont je travaille à bord! Et dire qu'il y en a qui pensent que je suis en vacances! Peuh!

La pisciculture devant le centre, après qu'on l'ait rempli avec l'eau du fleuve toute une journée durant

Un jour de marché à Djenné

Comme je l'ai déjà mentionné, tous les lundis se tient à Djenné, face à la mosquée, le plus grand marché de la région. Imaginez donc quelques milliers de personnes sur les routes, s'acheminant lentement vers ce grand évènement hebdomadaire par tous les moyens de locomotion dont ils peuvent disposer. A dos d'âne, en charrette, à vélo, en moto, à pied pour certains même, agglutinés par cinquantaines dans des fourgons de 20 places, ou encore empilés comme leur propre marchandise sur le toît des camions... C'est assez impressionnant. Surtout que nous les voyons tous arriver de notre point de vue stratégique en face du fleuve, et assistons parfois à de singulières scènes: Les véhicules enlisés, les courses de charrette pour arriver le premier au bac, les gens qui tombent à l'eau, des rixes également parfois... Hilarant.
Quant au marché, c'est tout un poème, de couleurs, de produits, de senteurs, d'individus plus chamarrés les uns que les autres, de cris, de raccolage. Moins beau sûrement que celui de la place Jam El-Fna à Marrakech, mais tellement plus vivant! J'ai trouvé un spot sympa sur le toît d'une boutique où l'on se rend régulièrement, et où j'aime à m'arrêter le temps d'observer cet incroyable univers, à l'insu de ses acteurs qui ne songent jamais à lever les yeux de leurs commerces. En voici quelques exemples, très significatifs...


La folie du bac. Là, il y en a deux, pour endiguer le flot de ceux qui veulent rentrer avant la nuit

Sans commentaires... Si ce n'est que beaucoup d'entre eux souffrent du vertige...

Comment rater le bateau, parce qu'on a voulu prendre un passage "plus rapide"

Encore et toujours, la magnifique Mosquée de Djenné, sous un autre angle

Le marché s'étend de la place de la Mosquée jusqu'au bout du centre ville, car plus on est de fous, plus on prie...

Badauds et commerçants, dans le tourbillon des flux et reflux de la marée humaine

Petite accalmie, du côté des poissons, entre les légumes et les contrefaçons Adidas

jeudi 20 janvier 2011

Projet Sanouna Opus 3...

Juste histoire de... Voici un nouvel épisode du roman feuilleton intitulé très pompeusement: "But where the fuckin' hell is Mat who's smell like a flower!"...
Rassurez vous, il est toujours sain et sauf, à l'endroit exact où il est censé se touver, dans un petit village d'armorique résistant encore et toujours à l'envahisseur... Ah non! Zut! C'est une autre histoire... Le petit village de Sanouna n'a même pas de fortifications, heureusement que personne ne songe à nous attaquer!
Cela faisait longtemps, voici donc quelques news bien fraîches. Içi le temps s'écoule paisiblement, et la vie Djenninké poursuit son cours au rythme de l'eau qui nous fait face, et recule lentement, à chaque jour qui passe... (Putain, c'est beau!) Rien n'a vraiment changé en fait, la classe se poursuit, sous les bons hauspices de Lassina; le spectacle avance bien, les enfants étaient ravis de commencer les répétitions et de découvrir masques et marionnettes; nous avons organiser une "journée poubelles", chargeant les gamins de nettoyer le village de tous les déchets disséminés ça et là dans le village, et les récompensant d'un chewing gum ou d'une vignette de football Panini à chaque sac bien rempli... C'était marrant, jusquà ce que je doive reboucher l'énorme trou rempli d'ordures!
Nous avons eu un festival également dans la région. Les Thiakos de Diabolo, un petit village paumé dans la brousse à une dizaine de kilomètres du centre, où les chasseurs locaux nous ont fait la démonstration que l'on ne sait pas pour autant danser quand on passe son temps à buter des pintades sauvages, ainsi qu'un défilé de marionnettes géantes, confectionnées de bric et de broc... Sympa, mais sans plus...
Pour la partie nostalgie, je dirai que je pense énormémént à vous, gens du pays et d'ailleurs, et que vous me manquez tous au plus haut point. Pour dire, je dois faire au bas mot une demi douzaine de rêves par nuit, mettant en scène amis, famille, collègues et simples connaissances, dans le plus grand désordre et dans des situations le plus rocambolesques... Ajoutez une dose quotidienne de DoxyPalu à une imagination assez fertile, et vous obtenez des nuits riches en émotion (Il y a deux jours, je me suis réveillé tantôt hilare, tantot pleurant à chaudes larmes... o;) Bref, vous me manquez... A bientôt!

La classe, toute pleine d'enfants sages et attentifs... Hum! Si seulement c'était vrai!

Torama, alias Tarama, la petite griotte du village, qui joue à la maman avec sa petite soeur

Pama, autre griotte, se faisant épouiller par le babouin des voisins

L'une des marionnettes géantes du festival de Diabolo et son "Charmeur"

Nos masques à nous, ainsi que les "marionnettes", destinées à faires des ombres chinoises pendant la narration du conte

Oussmane Traoré, brodeur à la main réputé, exécutant des travaux sublimes dans une petite échoppe

Le fou de Djenné, suivi par la cohorte de ses partisans, scandant "ATT, Président!"


Pour le plaisir des yeux (expression favorite des marchands africains), une autre photo de la mosquée de Djenné, prise d'un toît un jour de marché, qui ressemble toujours autant à un décor de carton pâte




Pause littéraire...

Ce petit post pour vous faire partager mes univers du moment, au delà de l'aventure africaine. Ayant embarqué avec moi un certain nombre de bouquins pour passer le temps (non pas que je m’ennuie, loin s’en faut !) et ayant réapprovisionné avec délice ce petit stock une première fois à la librairie de Dakar, puis de manière surprenante à Ségou (dans une galerie d’art se tenait une pleine bibliothèque de bons vieux livres en français et pour pas cher), je passe mes nuits à lire. Du moins, quand je ne dors pas. Il s’avère que j’ai eu de la chance et du goût dans mes choix, et je n’ai pas eu à me plaindre une seule fois d’un roman. Si donc parmi vous se cache quelqu’un susceptible d’apprécier l’un de ces nombreux bouquins, n’hésitez pas !
J’ai commencé, juste avant de partir et au début de mon voyage, par une trilogie de polars, tous plus excellents les uns que les autres. L’auteur en est Jo Nesbo, un norvégien touche à tout, étant passé du journalisme au statut de rockstar chez les vikings avant de se mettre à écrire. Le premier de la série s’intitule "L'Homme Chauve-Souris" et relate les premières aventures de l’inspecteur Harry Hole, en mission en Australie pour enquêter  sur le meurtre d’une ressortissante norvégienne. Très bon. Mais j’ai préféré encore le second, intitulé "Rouge Gorge", se déroulant cette fois ci en Thaïlande, dans le milieu des expats, de la mafia et de la pédophilie. Très noir. Quant au troisième volet de cette saga, intitulé "Les Cafards", il change de style, mais nous emmène très loin, explorant le passé d'anciens engagés volontaires chez les nazis, et des séquelles que la guerre peut engranger.
Dans la catégorie Thrillers, je vous conseille vivement "Cul de Sac", de Douglas Kennedy, se déroulant également en Australie. Un excellent road movie qui s'arrête net, comme son nom l'indique. Très incisif, fluide, drôle et terrifiant à la fois. Egalement "19, Purchase Street", de (?) Browne (hi hi j'ai oublié son prénom), sombre histoire loufoque, mais très crédible, où mafiosi, loubards paumés et aristos fortunés se croisent et se décroisent dans un imbroglio pas possible.
Pour ce qui est des récits d'aventures, les incontournables de Mike Horn, à savoir "Latitude Zéro", ou comment faire le tour du monde en longeant l'équateur, tout seul et sans véhicule motorisé... Très prenant. Se lit en une journée. L'autre étant "Conquérant de l'Impossible", qui malgré son titre vaniteux, nous emmène avec joie explorer la banquise, dans un tour complet du cecle polaire arctique. Bluffant.
En matière de "littérature africaine", j'ai pris énormément de plaisir à me laisser entraîner par les "Promenades Africaines" d'Alberto Moravia, qui décortiquent dans un style certes ampoulé, mais très poétiquement, les contrastes de l'Afrique des colonies et celle d'aujourd'hui (enfin, d'il y'a 30 ans). De l'Ivoirien Amadou Kourouma, le célèbre dyptique "Allah n'est pas obligé" et sa suite "Quand on refuse on dit non", mettant en scène dans une afrique de l'ouest déchirée par les guerres tribales, un jeune enfant soldat, qui nous explique ce qu'il voit dans son langage à lui. Malheureusement, l' auteur est mort avant d'avoir achevé le deuxième, qui n'en demeure pas moins très prenant, et relate fidèlement les conflits politiques de ces dernières années...
Dans un tout autre registre, j'ai relu (et redécouvert) avec joie et nostalgie "L'écume des jours" de Boris Vian, fantastique monument mêlant jazz, drame et absurde dans une écriture riche, mais bon enfant. Ainsi que "Flash", de Charles Duchaussois, ou les tribulations d'un jeune baroudeur sur la route de Katmandou. Incroyable autobiographie (dont je ne sais si elle n'est pas inventée de toutes pièces, au final) et faramineuse descente dans l'univers de la drogue des années 70.
Dans les très belles découvertes, je citerai avant tout "Le Zubial" d'Alexandre Jardin, pittoresque portrait de son père, relatant son amour de la vie et ses frasques invraisemblables. Il m'a fait rire aux larmes plus d'une fois, et j'ai bien du mettre 3 jours à m'en remettre. Je le conserve d'ailleurs dans l'intention de le relire! Egalement "C'est beau une ville la nuit", le blues de Richard Borhinger, dont le style, sec et suave à la fois, m'a plongé à plusieurs reprises dans une douce mélancolie.
Enfin, et pour finir ce pavé, allez savoir pourquoi, je me suis attaqué à "Ma Vie", de Léon Trotsky, qui au delà des observations politiques sur-engagée, développe et nous apprend les aléas de la vie en Russie au début du siècle dernier. Pour l'instant, je suis accroché.
En espérant que cela vous fera tiquer, bonnes lectures!

mercredi 12 janvier 2011

Projet Sanouna, Opus 2

Salut les loulous! Toujours aussi froid? Ici, on en est pas très loin je dois vous avouer que ça s'est un peu rafraîchi, il doit faire dans les 20°. Un petit message d'information instantanée, juste pour vous envoyer quelques photos, et vous dire que non, je ne faisais pas partie des victimes de cette excellente mission de sauvetage des forces françaises... C'est inoui, vu d'ici, la propagande alarmiste du gouvernement quant à la présence des cellules de l'AQMI dans la région... Franchement, c'est un sujet qui nous fait tous bien poiler, autant les africains que les nombreux touristes européens rencontrés au bac, en face du centre. Le malheur, c'est que cet acharnement anti terroriste fait des victimes, et nuit énormément au tourisme dans le secteur...
Donc tout va bien! Ne vous en faites pas pour moi, les seules attaques que je subis quotidiennement sont celles des marmots hurlant mon nom 24h/24h pour que je vienne jouer avec eux. On a vu pire... J'ai bien failli me viander également sur mon nouveau scooter, mais ils conduisent vraiment comme des pieds, à vrai dire, personne n'a son permis, je suis donc comme un poisson dans l'huile... de vidange. La classe continue (les gosses sont quasiment tous de petits génies en herbe), nous avons désensabler 2 puits, construit une balançoire avec un vieux pneu (ils n'en avaient jamais fait avant, ils sont comme des fous!), et visiter les autres groupes scolaires de la ville. La préparation du spectacle de théâtre avance bien également. Voili voilou, et à bientôt les loulous!

Désensablage et pompage de l'eau du puits. Au fonds du trou, Moussa, qui y aura passé environ 3 heures, et avec moi sur le "vélo", le petit Dogon Mohammed, homme à tout faire de la maison

La fameuse balançoire, objet d'émerveillement pour ces gamins, qui en guise de jeu, poussent habituellement les pneus avec un bâton

Séance de gym avant la classe, orchestrée par Lassina l'enseignant. Inutile de vous dire que ça les amuse beaucoup également

Kaka, seule face à son désarroi pendant la leçon d'anglais. Elle s'en sortira cependant par une pirouette "Bambaranglaise", sous les rires de la classe

Aba, le fameux directeur du projet, guide et cuisinier de son état, gentillesse et serviabilité incarnées, servant de baby sitter à l'une des cuisinières du centre

Salifou, le gardien, et Lassina, le professeur, en tenue d'hiver et fin prêts à venir rider chez nous!

Le fameux scooter Djakarta (mon premier!), 4 vitesses, acquis pour la modique somme de 135000 frs CFA. Ca fait rêver, non?

mardi 4 janvier 2011

Sanouna et Djenné...

Ca y'est! La deuxième mission de ce voyage a commencé... Après un périple harassant, nous nous sommes retrouvé, de nuit, à 30 kilomètres de notre destination, sans aucun moyen de locomotion si ce n'est un taxi qui nous proposait de faire le voyage à vide pour la coquette somme de 24000 frs CFA, soit 10 fois le prix usuel... Heureusement, après une heure d'attente, un guide en mission a bien voulu nous prendre dans son pick up et nous faire traverser le fleuve Bani, en échange de quoi je lui ai payer le passage du bac.

Sanouna est un village récent, construit ces deux dernières années autour du centre subventionné par Ton (alias Toni) le Hollandais. Avant cela, les pêcheurs qui l'habitent vivaient dans des cases qu'ils déplacaient selon les crues et décrues du fleuve! A 5 kilomètres de Djenné, nous nous trouvons juste en face du bac, et voyons donc, jour après jour, les arrivages de touristes et de voyageurs que les femmes et les enfants attendent avec impatience pour leur vendre poisson, beignets, boissons et quolifichets.

Après trois jours de détente relative, le grand moment tant attendu est enfin arrivé, le nouvel an! J'avais acheté à Ségou, pour l'occasion, de nombreux feux d'artifice, et croyez moi, je leur ai offert un spectacle dont ils se souviendront longtemps! Depuis, de nombreuses personnes n'ayant pas assisté à la fête sont venues me voir pour me dire qu'elles s'étaient réveillées en sursaut et avaient cru à la guerre... On ne se refait pas comme ça... La famille de Ton est partie hier, et nous nous retrouvons seuls, sous la bienfaisante houlette de Aba, le directeur local du projet et la gentillesse incarnée, ainsi qu'en compagnie de tous les enfants dont nous nous occupons 3 fois par semaine. Au programme, repas offerts par l'association, en échange de cours d'anglais obligatoires en compagnie de Lassina, l'enseignant.

Nous devons surveillé également le bon fonctionnement du prêt agricole, chaque femme le désirant disposant de 3 planches pour faire pousser tomates, oignons, et autres légumes selon la saison. Un grand bassin de pisciculture a été construit pour les hommes, car la pêche est menacée dans la région, et nous y trouvons avec délice Capitaines, Poissons Chiens et Silures à foison. Enfin, dans 2 jours, nous entamons la partie animation du programme, à savoir mettre en scène deux contes africains et les faire jouer en Français, Songhai et Bambara par les enfants. Bref, pas mal de choses en perspective pour le mois à venir. A tout bientôt, et une belle et heureuse année à tous!


Le centre de Sanouna, dans le plus pur style architectural de la région
 
Vue du toît du centre, juste en face du fleuve Bani. De l'autre côté, on distingue le bac. Il faut savoir qu'aujourd'hui, tout est sec jusqu'à la petite île...

La fameuse Grande Mosquée de Djenné, classée au Patrimoine Mondial, dans laquelle on ne peut plus rentrer, à moins d'être musulman, car une connasse italienne a montré ses nibards à l'imam en 1992...
 
Partie de foot avec les enfants du centre, durant la récréation et en attendant les bons petits plats des mammas


Sous l'étal de Solo, à ma gauche, installés confortablement en attendant les touristes toubabs