jeudi 21 avril 2011

Bénin, coquillages, crustacés... et tempête tropicale...

L'avantage du Togo et du Bénin réside dans le fait que ces deux pays donnent sur l'océan, d'une part, et qu'étant tous deux très étroits, on ne doit pas voyager longtemps pour "en faire le tour". Ainsi, la route et la traversée de la frontière entre Lomé et Grand Popo (oui oui, c'est un vrai nom) ne nous ont pas pris plus de deux heures. Véritable station balnéaire, les maquis de la plage accueillaient plusieurs sorties pédagogiques scolaires, mettant un peu d'animation dans ce qui semble être une ville fantôme au premier abord. Un axe principal, de nombreuses maisons cossues et inhabitées, beaucoup trop de toubabs et quelques restaurants indiquant les mêmes menus ainsi que les mêmes tarifs outranciers. Fort heureusement, une perle se cache au milieu de ce désolement: The Lion bar, tenu par Lion le rasta. Amis du reggae, c'est Le lieu où aller si vous visitez le Bénin! Sounds systems tous les week ends, déco hallucinante, une plage propre, des cocktails à base de rhum et des chambres aux noms des grandes icônes du genre...
Ce fut aussi l'occasion de revoir Antoine et Benoît, rencontrés à Ouaga il y'a quelques mois, et de rencontrer une joyeuse bande américano-canadienne, travaillant dans le nord du pays et venant passer leurs congés les pieds dans l'eau. C'aurait été le paradis, si une violente tempête ne s'était déclenchée alors que nous marchions sur la plage, nous cinglant le corps de lames de sable et d'eau, et manquant de nous faire nous envoler... (pour le coup, ça, j'aurais bien aimé!)
Une fois l'apocalypse passée, nous avons repris la route direction Ouidah, la capitale Vaudou de la région, où nous avons pu marcher sur les traces des esclaves (sur la route du même nom), qui partaient de la ville avant de monter dans les bateaux négriers de la colonie portuguaise, à destination de l'europe, des caraïbes, et des états unis. Il est étonnant de voir qu'un concept aussi dégradant que l'esclavagisme puisse générer un commerce touristique aussi florissant. Néanmoins, à leur décharge, je dirai que les sites conservent encore aujourd'hui une aura mystique et lourde de symboles. Que ce soit la route jallonnée de statues, la fameuse porte de non retour, le temple des Pythons, ou les nombreuses habitations de rois, sorciers et autres chamans des différents cultes vaudous... En dehors de ça, l'architecture coloniale est magnifique, et la ville ressemble à un îlot caribéen au milieu de l'afrique. C'est troublant, puissant, et très intéressant tout à la fois. J'en ai même oublié les horreurs que j'y avais vécu la première fois que je suis venu!

Surprenant de tomber sur l'un des plus beaux poèmes de notre ami Charlie dans un tel cadre!

The Lion Bar, ou comment faire passer le message rasta...

Spéciale dédicace aux poulots DJ's, à l'ESDB Crew, et à Frisco en particulier

Non, ce n'est pas une blague! Voici The Lion Car!

Le calme avant la tempête... en même temps, on aurait pu prévoir qu'on allait s'en prendre plein la gueule!

Ancienne demeure coloniale reconvertie en clinique de désintox pour junkies et hôtel de passe défraîchi

Psilo psychédélique qui montre bien le caractère halluciné des Vaudous

Dans la demeure de Sa Majesté, la visite est gratuite, jusqu'à ce qu'il faille lui payer un "Gin Royal"

Moi non plus je n'y croyais pas au début, mais si! Et en plus c'est un alcoolo!

Statue Vaudou de la Route des esclaves

Autre statue Vaudou de la Route des esclaves

Enième statue Vaudou de la Route des esclaves... J'en ai encore plein des comme ça...

La Porte du Non Retour

Bâtiment administratif colonial, où l'on recensait tous les esclaves avant de les enchaîner dans les galères

Rien à voir... C'est juste pour le plaisir...

Lomé, après toutes ces années...

Eh bien ça a changé, vous pouvez me croire! Non seulement, toute la ville est en travaux, herculéens, cela va sans dire; et tant de choses ont tout simplement disparues, tel le maquis resto concert "Chez Alice", ou la petite vendeuse de beignets farcis dans le centre! J'ai bien retrouvé quelques valeurs sûres, comme "Al Donald" (même si maintenant, c'est cher et dégueulasse), ou "le Pajar", notre quartier général de l'époque, avec tous ses oiseaux en cage, mais je dois avouer que j'ai eu du mal à me resituer en arrivant...
La suite fut nettement plus intéressante, tant par la "re"découverte de la ville, que par les rencontres faites au fil de nos pérégrinations, avec les membres de Mytro Nunya. Quelques débats politiques, une foire culturelle au campus universitaire de la ville, une projection de film sur l'histoire de l'afrique... Que demande le peuple?
Néanmoins, malgré l'accueil chaleureux qui nous a été fait et l'amitié qui s'est crée entre nous, les buts de l'association ne nous étaient pas vraiment familiers au point de nous y livrer corps et âmes, et en dehors d'une journée de jardinage (pour le projet de maraîchage urbain), nous n'avons pas pu nous rendre si utile que cela, et avons décidé de quitter le Togo pour aller nous baigner sur les plages autrement plus fascinantes du Bénin...
Zoul, Amanga, Amidou, et même Solène, la prochaine fois, nous nous organiserons mieux que cela, et créerons quelque chose de concret, de puissant, et de constructif pour le quartier. En attendant, je compte sur vous pour faire bouger les choses dans ce pays qui en a bien besoin. Un gros big up pour Mytro Nunya, et quelques photos de mon séjour chez vous...


Sur les zems, en colonne... roule ma poule!

Zoul en pleine action, à la foire culturelle de la fac de Lomé

Pia et Amidou, déjà bourrés à 15h... Si c'est pas triste ça!

Match de basket sur le campus, digne de la NBA

Scène de rue, si  familière maintenant, mais toujours aussi surprenante... Ces femmes sont balèzes...

mardi 12 avril 2011

Et ça continue, encore et encore...

Ah, qu'il est bon de sentir à nouveau, après tout ce temps passé dans des contrées arides, l'air iodé de l'océan et de tous ces embruns! C'est plus ou moins la première chose que je me suis dite en arrivant à Lomé, capitale Togolaise, repensant par la même occasion au parcours accompli depuis Dakar, commencement de ce périple transafricain. Et il s'en est passé un paquet, vous pouvez me croire! Depuis la dernière fois, à titre d'exemple, nous avons quitté Atakpamé, le cœur lourd et sans projet, et nous sommes rendu dans la petite ville de Kpalimé, perdue dans les montagnes qui surplombent jusqu'au Ghana le prestigieux Lac Volta. Nous voilà donc de nouveau harnachés sur une moto, engloutissant les kilomètres et les pentes des contreforts du Plateau Danyi, escaladant les chemins escarpés du Mont Klouto (célèbre dans la région pour ses nuées de papillons rares aux couleurs époustouflantes), rendant visites aux sœurs et moines Bénédictins de Dzogbégan, marchant dans des vallées encaissées à la végétation luxuriante, dans le but d'atteindre l'eldorado d'une cascade rafraîchissante... C'est d'ailleurs dans cette cascade, beaucoup moins idyllique que les descriptions le laissaient entendre, que nous avons rencontré Zoul, militant alter mondialiste s'étant marié avec une togolaise, et ayant monté à Lomé un centre culturel alternatif. Les présentations faites à l'ombre des bananiers, une invitation fut lancée, et deux jours plus tard, nous arrivions dans le Centre Mytro Nunya ("Penser Autrement"), où les activités proposées sont certes très intéressantes, le leitmotiv de l'asso fédérateur et l'équipe ultra dynamique, mais où l'organisation et la mise en œuvre laissent malheureusement à désirer. Ce fut néanmoins une excellente occasion de rencontrer une jeunesse cultivée, voire intellectuelle, et d'assister à des débats d'envergure avec des étudiants venus du Cameroun, du Burkina, du Bénin ou de Côte d'Ivoire. Les palabres n'en finissent plus, et c'est avec une passion et une ardeur excessive que nous pouvons parler des heures durant du conflit ivoirien, qui vient juste de se solder par l'arrestation tant espérée de Laurent Gbagbo. Le vent du changement parviendrait-il jusque ici?
Politiquement parlant, je pense que les togolais sont prêts pour cela, et n'attendent que ça. La famille Nyassingbé a fait son temps, et les travaux que Faure à lancer dans la capitale aux mille tentacules ne vont pas le remonter dans l'estime du peuple, ne s'adressant d'ailleurs pas au reste du pays, favorisant ainsi le mécontentement général. Encore une fois, laissons le temps faire son œuvre et attendons de voir ce que l'avenir réserve à ce petit état policier, dont l'économie pourrait fleurir si elle n'était engloutie par les abus de son propre gouvernement. Mais bon, trêve de bavardage, et regardons quelques photos. J'espère que vous apprécierez ma patience, cela fait trois heures que je suis dans le cyber à les charger...

La gare routière d'Atakpamé... (Il fallait que je la sorte celle là)
Depuis que le pape a revu sa position sur le préservatif, la campagne contre le sida a repris de plus belle, et ce aux endroits les plus inattendus!
Atakpamé est une ville longiligne, étendue sur une dizaine de kilomètres et répandue sur les collines environnantes. Je me plais à penser que ça doit ressembler un peu à Rio, pour le dépaysement
Axel le baroudeur allemand, rencontré à Djenné il y a plusieurs mois et retrouvé ici complètement par hasard
La plupart des commerçants de la rue travaillent généralement à l'ombre, en retrait, mais certains sont plus malins que les autres...
Une variété de la bête à deux dos, très belle et innocente, celle là!
Sur la route, en bus collectif que je nommerai dorénavant les "Boîtes à Sardines Africaines"
Au coeur des plantations de Kpalimé. On y trouve des bananes, des ananas, du café, du cacao, et j'en passe...
Une rencontre fortuite au milieu de nul part m'a permis de goûter le jus de palme, tiré tout juste de son arbre. Frais, sucré, et extrêmement rafraîchissant... un régal!
Bon, ça paraît con, mais qui ne s'est jamais demandé à quoi ressemblait un "ananasier"? Bin voilà, c'est ça...
Si l'on y prend pas garde, dans certaines régions, on a vite fait de se retrouver submerger par toutes sortes de petits parasites exotiques
Mon pote Jimmy et son cricket, à qui il vient d'arracher une patte pour l'empêcher de s'enfuir... Copains comme cochons ces deux là!
Toujours dans la catégorie animaux, voici un Phasme, qui se fait passer pour une branche... Mais moi, on ne m'a pas comme ça! Non mais!
Le monastère des Bénédictins, construit entièrement avec des bois locaux: Tek, bambou, Sirocco...
Bon, je préfère vous prévenir que personne ne suit ce conseil, et qu'il vaut mieux ne pas se baigner en ville...
Et un p'tit dernier pour la route... Moi, personnellement, je trouve ça beau...

lundi 4 avril 2011

Togo... Back to the trees!

Le temps a passé depuis le dernier post, et pour cause! Tant de choses sont arrivées, mais les opportunités de trouver un cyber café avec une bonne connexion au Togo sont quasi inexistantes...
Voici donc un nouvel opus des aventures de votre baroudeur africain, en direct d'Atakpamé. Tout d'abord, le départ de Ouagadougou fut (encore une fois) difficile, mais je nourris l'espoir de revoir tous mes amis avant de repartir en Juillet. De plus, cette reprise du voyage a été grandement facilitée par la présence de Pia, jeune Belge rencontrée à Bobo, retrouvée à Ouaga, abandonnée par sa compagne Suédoise Isa, et bien décidée à se rendre au Togo pour travailler dans une asso. Aussitôt concertés, nous nous sommes embarqués vers la frontière, dans l'intention d'aller bosser à l'orphelinat de Sokodé.
Plusieurs étapes ont émaillées ce voyage, car les transports Togolais (et les routes) étant les pires de tous les pays traversés jusqu'à présent (même le Mali c'est pour dire!), il était impensable de se rendre directement à destination. De plus, le nord du pays recèle de nombreux joyaux, tant humains que géographiques. Nous avons donc fait halte après avoir traversé la frontière, juste avant qu'elle soit fermée, à Dapaong. Le lendemain, enfourchant une moto de location, nous sommes allé visiter les fameuses grottes de Nano, refuges de silos et de greniers rappelant fort ceux du Pays Dogon, en moins bien malheureusement. Mais les paysages étaient tant à couper le souffle que la ballade en fut mémorable. Puis nous nous sommes rendus à Kara, où de nouveau en moto, nous nous sommes rendus au village de Pya (berceau de l'ancien président Nyassingbé Eyadémé) et dans les villages du Mont Kabyé, pour assister au travail des forgerons, réputés dans le pays entier pour leur travail et leurs techniques ancestrales. Après cela, nous sommes partis à Bafilo, où, pour aller voir une cascade, nous avons marché cinq heures durant, traversé une "jungle" impénétrable et escaladé une montagne qui soi disant était un raccourci. Un peu de sport ne fait jamais de mal...
L'étape suivante fut Sokodé, où nous attendait une mauvaise surprise. L'association que j'avais contacté, et qui travaille sur plusieurs projets, dont l'orphelinat, avait "oublié" l'engagement que nous avions pris quant aux conditions d'accueil, et nous reçut en demandant de l'argent pour aboutir un projet lancé avant même que nous arrivions. Les négociations furent âpres, et débouchèrent sur notre décision de partir chercher un nouveau projet.
C'est pourquoi nous nous nous rendîmes à Atakpamé, ville centrale par excellence, perchée dans les montagnes et arrosée fréquemment par des pluies diluviennes. Ce fut également l'occasion de retrouver un voyageur allemand, Axel, rencontré il y a quelques mois à Djenné. Quand on dit que le monde est petit! Si je n'étais pas actuellement malade, sans doute un parasite logé dans l'estomac, je pense que je crapahuterais gaiement dans la montagne, chantant à tue tête mon amour de la nature, et de tous ces arbres, si verts, qui m'entourent depuis quelques jours et qui m'avaient cruellement manqué jusqu'à présent. Je pense profiter de cette si belle région pendant quelques temps encore, avant de me rendre au bénin pour la suite de cette fantastique aventure. A bon entendeur!

Votre serviteur, domptant dans la montagne une moto sauvage 

Les grottes de Nano et leurs silos, pâle copie du Pays Dogon
Pia, inséparable de son appareil photo, mitraille sans vergogne les beaux africains...
Bon, avant, on accédait aux grottes par des lianes, mais là, on avait un peu la flemme, et puis il y a un escalier tordu alors...
On ne sait jamais si au final, nous ne sommes pas nous même la véritable attraction touristique pour les enfants
Tenancière souriante du cabaret de Nano, où tout le monde passe la journée à se bourrer la gueule au Tchouk (ou Tchoukoutchou, sorte de Dollo local)
D'un pont à l'autre de Kara, la rivière arrose les jardins, mais sert également de baignoire, de lave linge, de toilettes et de dépotoir...
Cathédrale de Kara, très originale dans le style
En pleine ascension du Mont Kabyé, les paysages sont toujours aussi beaux

Les célèbres forgerons de Pya et Tcharé, utilisant leurs techniques secrètes, qui consistent en gros à taper comme des bourrins avec des grosses pierres sur le métal porté au blanc
Cascade et bassin de Bafilo, où il était interdit de se baigner car c'est la source d'eau potable de la ville...
La rivière qui en découle, pratique pour se rattraper de la frustration sus mentionnée
Un connard de yovo (toubab local) qui joue dans l'eau. En plus, il est gros!
Le chemin emprunté pour retourner en ville (derrière la montagne) sans passer par la route. Oui, je sais, j'ai des idées à la con parfois...

Marché aux épices de Sokodé... En gros, du piment, du piment, et encore du piment!
Les chauffeurs de Z (ou Zem), LE transport togolais par excellence